Troyes, la belle de Champagne

Troyes, une ville historique à la beauté surprenante

Sacrés Troyens ! Ils surnomment le cœur historique de leur ville « le bouchon » car il épouse la forme d’un bouchon de champagne. Troyes est toutefois née bien avant que Dom Pérignon, moine d’Hautvillers, invente le célèbre vin à bulles produit jusqu’aux portes de cette ville qui fut la capitale des puissants Comtes de Champagne.

Dans les rues, la profusion de maisons à pans de bois et à encorbellement surprend. Il y en aurait encore 3 000. Pourtant, après 1945, le centre-ville était si délabré que les quartiers les plus miséreux ont été sacrifiés, jusqu’à ce qu’une association de sauvegarde s’en mêle. Depuis, bien des maisons ont été remises en état et ont donc le crépi frais et les bois peints de couleurs vives.

En dépit de ces apparences, ce cœur de ville n’est pas médiéval. Après l’incendie qui, en mai 1524, a ravagé les quartiers cossus des riches marchands, Troyes a été largement reconstruite. Elle est donc, pour l’essentiel, une ville du « beau XVIe siècle ».

Pour leurs hôtels particuliers, les plus fortunés ont alors adopté la pierre, d’autres « l’appareillage champenois » qui alterne brique et craie, d‘autres encore sont restés fidèles aux pans de bois ou ont mélangé pierre et pans de bois.

Troyes, la ville aux cent clochers

Surnommée, jadis, la ville aux cent clochers, Troyes en conserve dix, parmi lesquels celui de Sainte-Madeleine. Plus vieille église de la ville, elle se fait remarquer par la magnifique dentelle  de pierre de son jubé et ses vitraux.

La basilique Saint-Urbain, construite à l’initiative de Jacques Pantaléon, fils de savetier troyen devenu le pape Urbain IV, n’est pas en reste. C’est un joyau de l'art gothique avec ses dentelles de pierre et ses immenses verrières.

Autre merveille, la majestueuse cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Son trésor (160 objets sacrés), installé dans une salle basse voûtée à droite du chœur, vient pour partie de Constantinople (l’actuel Istanbul), pillée en 1204 lors du « sac » de la capitale de l’empire byzantin par les croisés.

Autre curiosité, la châsse qui abrite les reliques de saint Bernard, fondateur de l’abbaye de Clairvaux : elle attire des pèlerins de toute l’Europe. Saint-Pierre-et-Saint-Paul abrite aussi l’un des plus beaux ensembles de vitraux de France : 1 500 m2 de verrières (deux terrains de handball !). Dans le chœur, ils datent du XIIIe.

Troyes, capitale de la maille

Une fois les grandes foires de Champagne disparues, au XIVe s, Troyes a su se réinventer jusqu’à devenir, quatre siècles plus tard, la « ville aux cent cheminées ». Et la capitale de la bonneterie.

Ses industries textiles emploieront jusqu’à 25 000 ouvriers. Victimes de la mondialisation, nombre d'entre elles ont fermé dans les années 1980. Des marques prestigieuses comme Dim, Lacoste ou Petit Bateau étaient pourtant nées à Troyes.

Installé au centre-ville dans l’hôtel de Vauluisant, le musée de la Bonneterie, expose métiers en bois et machines perfectionnées de l’« âge d’Or » des XIX^e et XX^e siècles. Surtout intéressant pour les passionnés de techniques.

Troyes, ville de culture

Il n’y a pas que le vitrail ! Troyes a d’autres sites culturels à ne pas manquer. Par exemple, la Maison Rachi, dédiée à un personnage clé de la communauté juive de Troyes et témoin privilégié de la France septentrionale au XIe. Célèbre pour ses commentaires de la Bible hébraïque et du Talmud de Babylone, ce savant a influencé le monde juif comme non juif. Récemment restaurée, la Maison Rachi propose sur 2000 m2 un incroyable voyage dans la Troyes médiévale. Une expérience d’ouverture et de transmission unique en France.

Tout aussi unique est la collection du MOPO, la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière, installée 7 rue de la Trinité, dans l’hôtel Mauroy (belle galerie Renaissance), restauré dans les règles de l’art par les Compagnons du Devoir et du Tour de France. Ses 65 vitrines exposent pas moins de 12 000 outils de façonnage à main des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Grâce à une scénographie spectaculaire, on reste ébahi devant tous ces outils qui disent l’habilité des hommes et femmes de métier et l’importance des savoir-faire transmis de génération en génération.

Quant au musée d’Art moderne, logé dans l’ancien palais épiscopal juste rénové, il propose un panorama complet de la peinture en France, de la seconde moitié du XIX^e siècle aux années 1960 (Milet, Courbet, Daumier, Matisse…) . Des verreries art déco de Maurice Marinot complètent l’ensemble, ainsi qu’une collection de pièces d’Art premier.

A voir aussi : le musée Saint-Loup (art, archéologie et histoire naturelle), l’Apothicairerie (pharmacie-musée du XVIIIe s), l’hôtel de Vauluisant (Musée de la Maille – Mode et Industrie / Musée de la Renaissance en Champagne).

Troyes gourmande

Difficile de séjourner à Troyes, sans savourer une andouillette ! Celles du restaurant Pierre et Clément, dans la mythique ruelle des chats, sont excellentes. La véritable andouillette troyenne est un produit pur porc, exclusivement à partir de chaudins (gros intestins) et d’estomacs de porc découpés en lanières dans le sens de la longueur. Elle peut être simplement grillée ou – à chacun d‘apprécier - accompagnée d’un sauce au chaource, savoureux fromage de la vallée de l’Armance.

Le champagne, produit aux portes de Troyes, à Montgueux (10km), et au sud de la ville dans la Côte des Bar, est réputé relever à merveille les spécialités locales. Il est difficile en tous cas, pendant son séjour, d’échapper à une flûte du précieux vin à bulle. Sont volontiers proposés aussi des vins délicats comme le rosé des Riceys ou le cidre du pays d’Othe. Les plus téméraires opteront pour une prunelle de Troyes en digestif…