À ma connaissance, il n’y a pas de loi qui interdise les tatouages de bouddha en Thaïlande, le sujet est néanmoins sensible, à tel point que le ministère de la culture a mené des actions visant à interdire les salons de tatouages proposant des sujets religieux. Malheureusement, victime de la bêtise, de l’inculture et aussi de la propagande politique, le bouddhisme thaïlandais connaît actuellement d’inquiétantes dérives intégristes, en totale contradiction avec les textes et l’esprit de la doctrine, que d’ailleurs très peu de gens connaissent réellement. Soyez persuadé que plus les gens se montrent indignés ou choqués, moins ils ont de connaissance du bouddhisme. Mais bon, vous ne lutterez ni contre la bêtise, ni contre l’inculture, il faudra faire avec.
Le temple ne devrait pas poser de difficultés, ni le mandala (mais qu’appelez-vous exactement mandala ? N’est-ce pas plutôt un yantra ?) Le bouddha tatoué sur l’épaule ne constitue pas, en lui-même, un sacrilège. Dans le système de hiérarchie des hauteurs respecté dans le royaume, il est situé suffisamment haut sur le corps pour ne pas choquer. Il serait plus gênant qu’il soit tatoué sur la cheville ou le mollet. Le problème n’est pas tellement d’avoir un bouddha tatoué sur le corps, mais plutôt l’usage qu’on en fait et les endroits où on l’exhibe. Si vous passez votre temps dans les temples, en prières et méditation, on considérera que vous faites preuve d’une solide piété, nul ne vous reprochera rien (d’autant que vous ne paraîtrez pas dans ces lieux en débardeur). Si en revanche vous passez vos nuits dans les bars où des gogo-girls se trémoussent à moitié nues dans les vapeurs de l’alcool, votre bouddha, s’il est visible, choquera, parce qu’il n’a rien à faire là. Ce n’est pas un manque de respect que d’avoir un bouddha sur l’épaule, c’en est un que de l’amener faire un tour au bordel.
Afin d’éviter les conflits, les incompréhensions et les mauvaises situations, essayez de porter au maximum des chemises à manches longues dans les endroits publics. Sur les plages touristiques, en principe, vous pourrez vous dorer en maillot de bain, il n’y aura pas de problème, vous ne serez pas un profanateur, mais un farang parmi les autres, c’est-à-dire un client un peu idiot qu’il s’agit d’éponger au maximum avant de le laisser partir. En Thaïlande, le pognon prime très largement sur les sentiments religieux.